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Bienvenue !

Bienvenue dans mon cabinet de curiosités, interstice où vous pourrez parcourir de brèves chroniques de mes écoutes, lectures, déambulations et autres découvertes.
Du fond de l'abri, il vous sera possible de suivre mes bidouillages divers…
Enfin, ce blog est aussi un prolongement de mes cours à l'école des beaux-arts (les cités obscures) et à l'université.
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14 septembre 2005 3 14 /09 /septembre /2005 22:00

"Narcophony plays the Residents" (Ici d'ailleurs 2005)

Ce billet d'humeur fait suite à l'écoute du dernier disque de Narcophony, une formation musicale française que je ne connaissais pas encore, malgré une presse plutôt séduite par leurs précédents ouvrages. Il se trouve que Narcophony a récemment réalisé un ouvrage dont l'intitulé à l'avantage d'être clair : "Narcophony plays the Residents".
En tant qu'amateur des mythiques musiciens aux globes oculaires : The Residents (dont l'œuvre audiovisuelle post-dadaïste, pleine d'étrangeté et de dérision, évolue sur la scène underground américaine depuis plus de trente années), je me suis précipité pour acheter cet intriguant CD. J'avais lu que pour réaliser ce projet les musiciens de Narcophony avaient utilisé, entre autre instrument, les ondes Martenot, un instrument qui semble, tout comme pourraient l'être le Theremin ou d'autres vieux Moog, plutôt bien adapté à l'univers sombre, étrange et souvent kitsch des Residents.
L'écoute de l'ouvrage m'a laissé une drôle d'impression : celle de ne rien découvrir. Certes je connaissais les versions originales, je n'avais donc rien à découvrir… pourtant il me semble que la reprise d'une œuvre doit en permettre la relecture, que l'exercice est un acte enrichissant. Là rien si ce n'est une qualité d'enregistrement supérieure aux versions originales et quelques arrangements qui rendent peut-être plus agréables à l'oreille les versions proposées par Narcophony. Ce qui pose problème pour ce qui concerne ces interprétations c'est que les compositions originales extraites d'albums comme "Eskimo", "Commercial Album", "Not Avaible", etc. sont d'une facture très proche de ce que nous donne à entendre Narcophony, c'est à dire instrumentales. Assurément une reprise de "Freak Show", par exemple, un album très synthétique des Residents, aurait été plus pertinente sur ce mode instrumental (comme ça a été fait, d'ailleurs, lors de l'interprétation du "Freak Show Live" à Prague en 1995).
En écoutant ce disque j'ai entendu un agréable patchwork de musiques des Residents, des interprétations dont l'étrangeté et le constant décalage qui peuvent caractériser l'œuvre originale des-dits Residents étaient cependant absentes. Ce qui me gène c'est que je n'ai presque rien découvert de Narcophony, alors que j'étais curieux de les entendre.
Pour conclure à propos de cet ouvrage agréable à l'oreille, je ne peut que vous renvoyer à l'ensemble des reprises et autres interprétations de l'histoire de la musique américaine par les Residents eux-mêmes (Hank Williams, James Brown, Georges Gershwin, John Philip Sousa, The Rolling Stones, etc.), en commençant par leur propre reprise humoristique et dansante de l'album "Eskimo", au lendemain de la sortie de celui-ci, sous le titre "Diskomo (Disco will never die!)".
The Residents, ce n'est pas simplement un répertoire musical, c'est aussi un univers visuel très cohérent dont la partie graphique est souvent le lieu d'expérimentations passionnantes, tout comme la scénographie lors de leurs rares shows.
Pour conclure dans ce champ de références on peut encore observer que le biographe officiel des Residents depuis une vingtaine d'années n'est autre que Matt Groening, l'auteur des "Simpsons" et autres "Futurama".

www.narcophony.com
www.residents.com

"Eyescore : a stab at the Residents" (Vaccination Records 60062 - 1996)

Dans le genre compilation de reprises des Residents, je ne peux que vous recommander, même si l'ouvrage est épuisé depuis longtemps : "Eyescore : a stab at the Residents", un excellent CD de réinterprétations du répertoire des Residents par des musiciens comme Franck Palh, Only A Mother, Shakin Ray Levis, Big Butter, Stan Ridgway ou encore Primus.
Là on est pas dans la redite, il y a de l'invention et chaque reprise nous permet de découvrir l'univers sonore de chacun des auteurs.

"Ignoble Vermine" a tribute to PTOSE (Gazul Tribute 2004)

Dans le domaine de la reprise, encore, et dans un univers très proche de celui des Residents, est sorti récemment l'ouvrage "Ignoble Vermine, a tribute to Ptose".
Ptose est une mythique formation française, souvent présentée comme un équivalent hexagonal des Residents, dont, par exemple, le titre "Boule - viens ici !" avait été alors repris par Renaldo and the Loaf (produit un moment par le label des Residents : Ralph Records) ou encore par Déficit Des Années Antérieures (je considère DDAA dans une proximité plus rigoureuse, conceptuellement, des Residents que Ptose, dont les similitudes sont essentiellement formelles).
"Ignobles Limaces" est le titre de l'album le plus marquant de ce groupe du début des années 80. Excellent groupe. "Ecrasez la vermine" est un autre titre marquant de Ptose.
"Ignoble Vermine" est une compilation de reprises amusées et destructurées du groupe, compilation commandée par Palo Alto à quatorze autres formations, dont : Dragibus, Les Haut de Plafond ou encore Pierre Bastien et son Mecanium.
"Ignoble Vermine" nous permet de redécouvrir les titres originaux, de les relire et de les écouter à nouveau (dans la mesure ou on a les originaux). Là encore cela fonctionne bien en résonance avec les autres ouvrages des formations musicales compilées pour l'occasion.

www.musearecords.com

"Echo Location" (Optical Sound 2004)

Avec "Echo Location", Pierre Belouin et son label Optical Sound ont essayé d'échapper aux risques et aux défauts de l'exercice de la reprise.
L'idée était de demander à des musiciens ou formations marquantes de la scène française des années 80 de réinterpréter aujourd'hui leur propre morceau préféré de cette époque.
Le résultat est évidement inégal mais plutôt intéressant : certains des auteurs semblent avoir poursuivi leurs recherches sonores, tel el TCG, DDAA ou Les tétines noires; d'autres, comme Marquis de Sade et End Of Data, rejouent leur musique dans une facture plus "électro", quand d'autres encore semblent restés fixés sur les préoccupations formelles et conceptuelles propres à cette période.
"Echo Location" est donc un projet singulier dans cet étrange mouvement conservateur qui semble ressusciter certaines des productions musicales des années 80 et qui nous permet d'assister à des reconstitutions de groupes mythiques de cette scène (Minimal Compact, Tuxedomoon, Kas Product !). Ici, la nature même du projet permet d'observer avec assez de justesse le décalage temporaire proposé par Optical Sound, et de percevoir le regard porté aujourd'hui par les auteurs sur leur propre parcours depuis ces fameuses années 80.

www.optical-sound.com

Margareth Kammerer "To be an animal of real flesh" (Charhizma 023 - 2003)

Pour finir ce billet d'humeur à propos de l'exercice de la reprise musicale, je voudrai évoquer un ouvrage de Margareth Kammerer découvert lui-aussi récemment : "To be an animal of real flesh", édité sur le label allemand Charhizma.
Je ne connaissais pas cette chanteuse et guitariste Berlinoise, son disque est assez étonnant pour plusieurs raisons.
D'abord il est singulier, très difficile à classer, ce qui est plutôt une qualité. D'autre part il semble très cohérent et se développe un peu comme une rengaine : on s'y habitue au fur et à mesure de son déroulement. Progressivement on se fait à la voix nasillarde de Margareth Kammerer, et cela devient agréable au point de nous hanter par la suite.
Ce phénomène semble produit par un effet mécanique : celui de la répétition. En effet ce disque de 14 plages contient 6 remix de 6 titres du même album. Ainsi presque la moitié des titres de l'album sont repris par d'autres musiciens (Bernhard Fleischmann, Nicholas Bussman, Fred Frith, Philip Jeck, Christof Kurzmann, etc.), on entend effectivement chaque morceau deux fois.
Ce qui est intéressant, en dehors de l'effet mécanique évoqué, c'est la chronologie de l'album : elle est telle que l'on entend systématiquement la reprise avant l'œuvre originale.
Cela est plutôt intéressant : en tant qu'auditeur on échappe nous aussi à l'exercice de la reprise, c'est à dire à ce réflexe que l'on a d'essayer de chercher à reconnaître l'original. Puisque l'on a pas le référent on découvre d'abord le remix, puis on écoute l'original dans un deuxième temps (le remix devient l'original et l'original est alors le remix), ce qui change tout!
Ce détail perturbant nous rappelle que le CD n'échappe toujours pas à une écoute linéaire, chronologique, et que l'organisation des plages participe à la composition musicale de l'ensemble. C'est ce qui défini un disque comme "album concept" ou comme simple patchwork, et c'est cet objet chronologique qui est aujourd'hui modifié par l'utilisation des lecteurs mp3, et plus précisément par l'utilisation du iPod shuffle.
Mais ceci est une autre histoire…

www.charhizma.com

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